« Mes sans papiers du jour »


10h ce matin. Devant le Monoprix Jourdain : quelques manifestants CGT et un mot d’ordre concernant la lutte des travailleurs sans papiers, employés comme auto-entrepreneurs pour assurer des livraisons sous un montage pas forcément très respectueux de l’humain. Ne cherchent-ils pas avant tout à obtenir un titre de séjour en travaillant ? Pourquoi ce statut précaire d’auto-entrepreneur ? L’enquête des inspecteurs du travail devra préciser si ce montage respecte bien toutes les réglementations en vigueur. La Poste, Monoprix, un restaurant au sein du Louvre, une agence d’intérim, une société de collecte des déchets seraient concernés…

14h cet après-midi. Lors d’un entretien au Samu Social à Ivry, je participe à une écoute du 115. Ils sont là, sans papiers ou pas, dans notre belle capitale, errant de lieu en lieu, de toit en toit, ou pas. Je me fais préciser que la plupart du temps, les écoutants sociaux du 115 disent trop tristement « non » parce qu’il n’y a plus de logement disponible, parce que cette nuit mon gars, ou ma petite dame, il faudra dormir dehors. Encore. 

Que nos politiques fassent ce geste fou pour la période hivernale d’ouvrir des abris, allez, même si c’est juste pour se faire valoir à deux pas de la Présidentielle ! On prend.

Ce soir, je repense à toi ma belle Leila qui avait fui un mariage forcé marocain. On avait bien ri dans ton si grand malheur, à travers la France, allant même jusqu’à ramener des clés perdues dans un Commissariat breton. J’espère juste que ce soir tu dors dans un nid douillet, le tien, et pas celui d’un homme soit-disant « généreux ». J’espère que tu as des papiers maintenant. 

Offrons la dignité à ces femmes, ces hommes, ces enfants qui nous viennent de pays où la vie est trop moche pour y être poursuivie. Comprenons, aimons. Allez, on ne demande pas grand chose, là. Quand vous mettrez votre bulletin dans l’urne au printemps prochain, pensez à eux. Car au fond, mis à part la dignité humaine pour tous, c’est quoi le plus important ?!

23h44 ce soir. Stefan Zweig était un citoyen du monde que nous devrions tous être. Que signifie le mot « frontière » pour vous ? A cet instant, certains vont dormir, d’autres se lèvent. Je crois que c’est tout ce qui change à l’échelle du monde : l’heure.

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